Roi de Morrowind
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 Le Journal de Tanea Valadern par Vae-Primat

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Thenestohs
Le Pinguoin à la Pelleteuse Dwemer
Thenestohs


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MessageSujet: Le Journal de Tanea Valadern par Vae-Primat   Le Journal de Tanea Valadern par Vae-Primat EmptyVen 15 Avr 2005 - 18:37

TOUT CE QUI SUIT EST DE LA TALENTUEUSE PLUME DE L'AMI VAE-PRIMAT


Une Histoire complète.
Bonne lecture.

Journal de Tanea Valadern (ou ma vie à la légion).

La rencontre

Ce matin-là je n’étais pas de bonne humeur. On peut même dire que j’étais furieuse ! Oh, oui ! J’étais furieuse ! Quelques heures auparavant mon ami, Laerden Boren, m’avait jetée comme une traînée pour les beaux yeux d’une nordique fraîchement débarquée en ville. Avec son allure aguicheuse et ses paroles mielleuses, il ne lui avait pas fallu une heure pour prendre ma place. Cela en disait long sur la profondeur des sentiments que me portait mon compagnon. J’étais hors de moi. Il fallait que je me venge. Je tournai en rond dans les rues de Balmora pendant une bonne partie de la journée mais finalement je trouvai un moyen de mettre mon projet à l’œuvre : Lui dérober les derniers contrats signés avec la Compagnie Orientale. Cela lui avait pris des mois pour conclure cette affaire. La perte de ces documents serait un coup dont il ne se relèverait plus !
J’entrai dans ce club avec l’idée de boire quelque chose pour me donner le courage de mettre mon plan à exécution. Il n’allait pas s’en tirer comme cela, ce salaud ! Le barman me proposa du flin ; cher mais excellent pour ce que j’avais. La salle, de dimensions modestes, était décorée sobrement. Dans un coin deux clients discutaient de l’avenir de la région. Un regard réprobateur du tenancier leur fit prendre des allures de conspirateurs. Je pris une bouteille et je m’installai à une table un peu à l’écart. Je vidai le premier verre d’un trait. L’alcool m’enflamma la bouche, racla la gorge et incendia mon ventre. La chaleur de l’alcool apaisa un peu la froideur du cœur. Je m’en servis un deuxième et fis de même. Je ralentis le rythme au troisième et, l’esprit échauffé, continuai à ruminer mes sombres pensées. Je passai en revue mes différents talents et capacités. De mes divers séjours en des lieux peu hospitaliers des terres cendres, j’avais acquis une certaine dextérité aux lames courtes, ce qui me permettait, le cas échéant, d’appuyer mes requêtes ou de défendre mon point de vue ou, au pire, protéger ma vie. Différentes situations périlleuses m’avaient obligée à fuir face au nombre ou à la force des adversaires. La répétition de ces aléas me dota ainsi d’une pointe de vitesse, à la course, non négligeable. Très pratique pour distancer d’éventuels opposants, trop coriaces, ou trop nombreux, pour moi. Un petit séjour, chez un vieux mage telvanni perdu au milieu d’une lande désolée, m’avait valu, comme récompense de quelques menus services, d’apprendre deux ou trois sorts, fort utiles ma foi. Je n’avais cependant pas encore eu à m’en servir et ne connaissais donc pas leur portée. Ce serait là une excellente occasion pour les tester. Une petite liaison avec Œil-dans-la-nuit, voleur notoire, m’avait appris à ne pas être arrêtée par une serrure, quelle que soit sa difficulté ; ce qui était, on ne peut plus, appréciable pour mes futurs projets. C’est d’ailleurs la trop grande confiance en ses dons qui coûta la vie à Œil-dans-la-nuit, lors d’une excursion nocturne qui se termina mal. Une grande leçon qu’il me donna, bien malgré lui.
C’est à cette occasion que je rencontrai Boren. Petit bourgeois imbu de sa personne, petit esprit étriqué mais d’un charisme et d’une éloquence sans pareils. Affilié à la maison Hlaalu, il était chargé des négociations des contrats avec les différentes guildes. Travail pour lequel il était amené à voyager souvent et dont il s’acquittait consciencieusement en lorgnant le poste de son supérieur. Pour ne pas lui faire ombrage, lors des diverses réunions et fêtes auxquelles nous étions conviés, il m’apprit quelques rudiments d’éloquence et de marchandage ; Afin que je puisse faire illusion en société, comme il disait. Il reconnaissait cependant que j’avais un réel talent dans ces matières.
Le but était fixé. Pour les moyens, les quelques mois que nous venions de passer ensemble m’avaient donné le loisir de connaître les lieux à la perfection et je savais où trouver ce qu’il me fallait pour faire aboutir mes projets de vengeance. Je savourais, d’avance, la grimace qu’il ferait en découvrant la disparition de ses précieux parchemins.
Je ne saurais dire combien de verres j’avais bu, ni depuis combien de temps j’étais là à cogiter, lorsqu’un homme m’aborda. C’était un impérial. De grande taille et le regard fier mais, en même temps, des manières douces et prévenantes. Son habillement, de bon goût, reflétait une certaine aisance pécuniaire. Son comportement altier dénonçait des origines nobles. Cependant cela devait être de la petite noblesse car ses gestes étaient ceux d’un homme qui avait dû se battre pour arriver, ou se maintenir, au rang qu’il occupait aujourd’hui.
Ses vêtements, bien que somptueux, cachaient mal la cuirasse qu’il portait en dessous. Signe d’un homme qui ne prenait pas de risques inconsidérés ou d’un homme qui s’était fait des ennemis déterminés dans les affaires. Il était de notoriété publique que l’avancement, dans la maison Hlaalu, était dû autant aux compétences du candidat qu’à l’élimination des éventuels concurrents ou obstacles. A moins qu’il ne fasse partie d’une des autres Maisons de Morrowind, auquel cas il devenait une cible potentielle de la guerre qu’Elles se livraient, plus ou moins ouvertement, pour le contrôle de la région ou pour le monopole d’une ressource. Il commença par me mettre en garde contre les effets néfastes de la boisson, ce qui fut peine perdue à mon stade d’ébriété, puis continua en me racontant des banalités sur le temps, la région, les récoltes. Il s’enquit, très galamment, de mes états d’âme. Question que j’évitai adroitement en réclament une autre bouteille, qu’il se fit un honneur de payer, et me parla de sa vie, de son métier de négociant. Cela me fit du bien de m’évader un peu de mes problèmes en écoutant son histoire et ses anecdotes sur la conclusion de certaines affaires pour le moins délicates.
Portée par des brumes éthyliques, je m’imaginais sur la route, allant de village en village, de ville en ville, pour rechercher les marchandises réclamées par de riches clients potentiels. Les âpres discussions pour obtenir les denrées aux meilleurs prix dans d’obscurs villages et les longues palabres pour vendre ces mêmes articles au cours le plus haut, dans les boutiques de renommée, de villes prestigieuses comme Vivec ou Lonsanglot. Je me voyais à la tête de ma propre compagnie, gérant l’offre et la demande d’une région entière. Mes projets de vengeance étaient loin ! Je rêvais. . .

L’engagement

Le réveil fut brutal ! Une trompette sonnait au loin, une foule de gens s’activaient partout frénétiquement et un orque colossal criait tout près. Je fis un bond, ce qui manqua de me faire tomber. L’alcool n’avait pas encore fini ses effets. Je me trouvais dans une grande salle aux murs nus. Je devinais, au fond de la pièce, une porte lourdement renforcée. Des fenêtres, haut placées, fournissaient une lumière parcimonieuse. N’eut été pour les dimensions généreuses du local et le nombre d’occupants, on se serait cru dans un cachot. Tout autour de moi c’était un capharnaüm de lits, d’ hamacs, de tables et chaises qu’on bousculait sans ménagement. Partout des gens de toute race s’affairaient, à la hâte, dans le plus grand désordre. Un brouhaha indescriptible animait cette foule hétéroclite qui fluctuait d’un côté à l’autre au rythme de cris et de jurons. Toute cette cohue résonnait dans ma tête comme un troupeau de kagoutis en rut. Un orque s’approcha de moi, en se dandinant. D’un air souriant et affable il s’enquit de mon état et de mes impressions puis, d’un coup, sans me laisser le temps de répondre, se mit à vociférer, avec de grands gestes. J’avais du mal à me situer, j’avais du mal à le comprendre et, surtout, j’avais mal à la tête.
Dans le flot d’invectives dont il m’abreuvait, je compris l’essentiel : je m’étais engagée dans la légion !
« Par les larmes de Vivec, comment cela était-il possible ? »
Je récapitulai, péniblement, les événements de la veille. Dans les brumes de mes nébuleux souvenirs je me souvins avoir signé un protocole d’accord pour un partenariat commercial d’une vague boutique quelque part dans Gnisis :
« Quelle gourde !......... Quel salaud ! »
L’orque me remit, rudement, un semblant d’équipement et me conseilla d’être prête à partir sur-le-champ. La menace des sanctions encourues était à peine voilée. J’étais dans des beaux draps, il me ne restait plus qu’à obéir.
Nous fûmes réunis, comme on rassemble un troupeau de guars avant la transhumance, dans la cour, face à la caserne. L’esprit embrumé, je suivais machinalement le mouvement. L’air frais de la mer me donna une claque salutaire pour me remettre d’aplomb. Sur la place d’armes, après nous avoir agencés, tant bien que mal, nous eûmes droit au discours de bienvenue pour les nouvelles recrues ainsi qu’un aperçu du programme qui nous attendait. J’étais atterrée !
Lorsque l’orque eut terminé l’énoncé des réjouissances auxquelles nous devions nous soumettre, il laissa la place au général commandant la place : Le général Darius. Celui-ci nous rappela les règles en vigueur dans la légion, insistant lourdement sur l’obéissance aux supérieurs, et nous fit prêter serment à l’Empereur. La cérémonie à peine finie, nous étions déjà en route pour un camp d’entraînement situé dans l’arrière-pays.
Avant de quitter la cour nous passâmes, à la queue leu leu, prendre un paquetage qui avait été préparé, pour la première et dernière fois, à notre intention. Un vétéran hurlait les directives à suivre. Bousculées et haranguées sans cesse, sans attendre, les recrues furent ordonnées en rangs par quatre et nous nous mîmes en route…
Nous marchâmes ainsi côte à côte, sous le soleil ou la pluie, pendant trois jours avec des arrêts de deux heures toutes les dix heures de marche, de jour comme de nuit. Le paquetage devenait, de jour en jour, plus lourd. J’étais épuisée, l’esprit vide et les pieds en sang, je suivais instinctivement. Mon corps n'était plus que douleurs et j’ai cru plus d’une fois que ma dernière heure était venue. Je vis avec un grand soulagement la tour de garde du camp d’entraînement se profiler à l’horizon. Grâce soit rendue aux Tribuns, on était arrivés ! On allait pouvoir souffler ! Notre joie fut de courte durée. Nos peines n’étaient pas encore finies !
Le jour commençait à décliner lorsque nous atteignîmes les abords de la tour. L’orque grogna des ordres afin que nous établissions, immédiatement, le camp. Pendant qu’une partie creusait le fossé de pourtour, l’autre abattait les arbres nécessaires pour ériger la palissade de défense. Défense, mon œil ! D’après moi cette barrière servait davantage à éviter les désertions qu’à défendre quelque chose. Et puis défendre quoi ! Tout autour du camp, ce n’était qu’une lande brûlée de laquelle surgissaient, tels des fantômes, quelques promontoires aux formes tourmentées. La terre du fossé fut méticuleusement déblayée vers l’intérieur du camp afin de créer une surélévation dans laquelle venaient se ficher les poteaux de la palissade. Une fois le fossé creusé, la première équipe dressa les tentes. Deux rangées de deux tentes, distantes entr’elles de soixante coudées et éloignées de la clôtures d’une quarantaine de coudées, faisaient face au campus. C’est au centre de celui-ci que s’élevait la tente du commandant du camp, flanquée de l’autel du culte impérial et ornée des étendards de notre unité. De chaque côté du campus se dressaient les tentes des centurions. Derrière le campus, une trentaine de tentes abritaient la garde personnelle du commandant : nos geôliers plutôt….
Lorsque les préparatifs furent terminés, le commandant, suivi de sa garde et des porte-étendards, entra majestueusement dans le camp. Il nous fit un bref discours de bienvenue, nous félicita de notre travail et se retira sous sa tente. Nous achevâmes de monter et ordonner les râteliers et tréteaux divers.
Il faisait nuit noire lorsque, épuisée, je tombai dans l’hamac et m’endormis aussitôt.
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Thenestohs
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MessageSujet: Re: Le Journal de Tanea Valadern par Vae-Primat   Le Journal de Tanea Valadern par Vae-Primat EmptyVen 15 Avr 2005 - 18:40

L’entraînement

Les premières lueurs du jour commençaient à peine à percer l’obscurité de la nuit, lorsqu’une trompette nous appela au rassemblement. Aussi vite que nous le permirent nos membres endoloris et engourdis, nous nous équipâmes et nous rassemblâmes, de la façon la plus ordonnée que nous pûmes, face au campus. Ce qui ressemblait davantage à un troupeau qu’à une troupe de la glorieuse légion de l’Empire. Avec sa délicatesse habituelle, l’orque, pavanant sur une espèce d’estrade, nous indiqua le début des festivités : L’apprentissage des manœuvres simultanées en groupe.
« Et pour cela, nous dit-il, rien ne remplace la pratique ! »
Nous fûmes partagés en deux groupes : les jaunes et les rouges. Cela devait stimuler l’effet de compétition et inciter chaque unité à se surpasser. On nous conduisit sur le champ de manœuvre, on nous désigna nos positions et l’entraînement commença.
Sans relâche, tout le long de la journée, quelque soit le temps, nous manoeuvrions, par lignes de cinquante, sur le terrain. Marcher, courir, s’arrêter, repartir, contrer, reculer, attaquer encore et encore et encore, jusqu’à ce que cela devienne naturel. J’avais des contusions sur tout le corps ce qui, pour mon supérieur direct, était le signe que le métier rentrait. Je lui aurais rentré, avec délectation, une dague dans son gosier de khajiit prétentieux……. si j’en avais eu une.
Nous apprîmes, par la même occasion, à marcher au pas et à nous composer en rangs. Bien que les responsables trouvassent, ces mouvements, d’une importance capitale, je les trouvai, moi, d’un ennui suffisamment mortel que pour décimer une armée ! En alternance avec ces manœuvres nous simulions des combats au corps-à-corps. Ce qui diversifiait, un peu, de la monotonie de ces interminables parades. Pour éviter tout problème, les armes dont nous disposions à ce moment, étaient en bois, ce qui ne nous dispensait pas des nombreux recours aux services des guérisseurs. Cela me rassurait un peu : en cas de conflit véritable ils auraient de la pratique ! D’une cohue indescriptible, nous arrivâmes, peu à peu, à une disposition de combat dont même un néophyte pouvait voir les avantages. Tous en ligne, manoeuvrant de concert, côte à côte, les boucliers en avant, cela ressemblait à un mur vivant hérissé de pointes. Afin de tester la solidité de la formation, des guars caparaçonnés étaient lancés contre les lignes. Mon corps se souvient encore du premier choc, lorsque, engoncé dans mon armure, je fus piétinée par un guar. Le craquement de mon épaule sous le poids du guar, résonne encore à mes oreilles. J’eus droit aux services d’un guérisseur pour remettre mes os en place et au blâme du chef de section pour ne pas avoir soutenu, victorieusement, la charge. Je fus désignée, pour la garde de nuit, pendant la semaine qui suivit. Pour rompre la ressemblance des exercices, des concours de combat, étaient organisés dans l’arène. Un petit terrain ceinturé par quatre piquets reliés entr’eux par des cordes avait été aménagé, à cet effet, dans un coin du camp. J’avoue que je me distinguai vite dans ces combats. Bagarres pendant lesquelles nous déchargions cette agressivité qu’autrement nous aurions retournée contre nos surveillants ou nos instructeurs. Cela me permit de soulager mes compagnons de quelques pièces d’or imprudemment pariées sur mes adversaires. Cela me permit aussi d’apprendre à manier différentes armes avec une certaine aisance ce qui est un avantage appréciable. Cependant les armes étant factices, cela m’handicaperait face à vétéran aguerri. Après un mois, interminable, de ces manœuvres fastidieuses, nous commençâmes à apprendre les différentes formations de combat, ainsi que la façon de les conduire. Composition en carré, en pointe, en quinconce ou en tortue, nous regrettâmes vite les exercices du mois écoulé. Nous apprîmes à former des blocs d’une cohésion telle que nous pouvions contrer la charge de guars ou d alits sans subir de dégâts. Il fallut encore un mois pour que nous puissions manœuvrer avec flexibilité dans les différentes formations. Nous passions d’une composition à l’autre avec souplesse et dextérité, ce qui finit par ressembler à un jeu étrange, un ballet épique. Dans son langage fleuri, l’orque nous fit comprendre que l’entraînement de base était fini et que nous allions, enfin, passer aux choses sérieuses. Pour être sérieux cela devint on ne peut plus sérieux. Nous refîmes, à échelle moindre, toutes les grandes batailles de l’Empire ; depuis les glorieuses victoires au Marais Noir jusqu’aux misérables défaites en Akavir. Il ne se passait pas un jour sans que les guérisseurs n’aient à intervenir pour soigner les différents blessés. Et nous n’utilisions pas de vraies armes !
A force d’exercices et de manœuvres, de combats et de parades, nous apprîmes toutes les techniques de combat adoptées par la légion et qui avaient fait sa renommée. Petit à petit mes muscles se durcissaient et j’avais de plus en plus de facilité à effectuer les tâches avec cette armure sur le dos. Doucement, mais sûrement, cela devenait une seconde peau.

La punition

Une des caractéristiques, essentielle, de la légion est sa discipline de fer. Une discipline si dure qu’ébonite serait plus juste pour la qualifier ! Le moindre manquement pouvait donner lieu à une punition. Celles-ci étaient répertoriées en quatre catégories à la discrétion du commandant. Cela allait du blâme ou la corvée supplémentaire pour une faute légère, telle un oubli d’équipement ou un défaut répété dans l’accomplissement d’une manœuvre, à la faute impardonnable, telle lever la main sur un officier ou tuer, même involontairement, un camarade, qui conduisait le coupable aux travaux forcés à vie ou, le plus souvent dans le cas d’une rébellion, à l’exécution publique. Les vols et larcins divers ainsi que les manifestations de peur étaient catalogués dans les grosses fautes et donnaient droit à la bastonnade. Le manque de respect envers le général ou le nom sacré de l’Empereur étaient considérés comme étant une faute grave et étaient punis, en plus de la bastonnade, d’un mois de cachot pendant lequel les prisonniers devaient disputer leurs repas à de répugnants rats des cavernes dotés de dents aussi longs et acérés qu’une dague. Autant dire que très peu y survivaient.
Il y avait à peine un mois que j’étais arrivée au camp d’entraînement, lorsque je vis, et dus participer, à la première punition. Comme à l’accoutumée, les trompettes appelèrent au rassemblement qui se fit dans une parfaite cohésion. Une fois les rangs formés et le silence instauré, le commandant donna lecture des charges : Vol avec effraction et résistance à la garde. Le coupable, un nordique de bonne taille, avait été arrêté, jugé et condamné à la bastonnade.
Sans ménagement on lui ôta ses vêtements et on lui désigna un piquet orné d’une ceinture blanche. Son but était simple : s’emparer de la bande, peu importe comment. Son chemin passait obligatoirement entre deux files composées de recrues et de légionnaires armés d’épées de bois avec lesquelles ils étaient censés frapper le prisonnier. Une décurie d’archers était prête, le cas échéant, à lui fournir tout le courage nécessaire par l’envoi d’une volée de flèches, qui pouvait se révéler mortelle. Son choix était limité. Son arrivée au poteau mettait fin à la sanction et réhabilitait le condamné. Le couloir faisait deux cent coudées, une pour chaque pièce d’or volée et cinquante pour avoir assommé le garde. Ensuite restaient les trente coudées du champ rédempteur : terrain que le condamné devait parcourir debout pour recouvrer son honneur. Malgré leur courage légendaire, le nordique hésitait à s’élancer. Une flèche près de son pied lui rappela sa seule alternative. Il se redressa, cambra son dos, murmura une incantation, ou était-ce une prière à ses dieux, serra les dents et s’élança. Les coups commencèrent à pleuvoir sur son dos qui se couvrit vite d’une couleur rouge qui vira presqu’aussitôt au violet puis au noir. Chaque coup reçu arrachait une grimace à l’homme qui ralentissait sensiblement son élan. Puis, sans transition, éclatant les unes après les autres, des lignes de sang commencèrent à apparaître et, au milieu de son épreuve, son dos n’était plus qu’une plaie boursouflée et sanguinolente. Je crus même voir des morceaux de chair s’envoler sous les coups. Le nordique, qui avait commencé son parcours à la course, poursuivait maintenant son calvaire en se traînant, un masque de douleur tordant son visage en un abominable rictus. Poussé plus par les coups qu’il recevait que par une volonté propre il continuait à avancer, en titubant péniblement. A cinquante coudées du poteau libérateur, il s’écroula et ne bougea plus. Les « justiciers » s’étaient immobilisés, anxieux, attendant un ordre. Un centurion s’avança, se pencha sur la carcasse ensanglantée, puis fit signe à un guérisseur qui se hâta d’intervenir. Il murmura une incantation et redonna quelques forces au malheureux qui se releva laborieusement et reprit son chemin sous une volée de coups qui, malgré les apparences, n’étaient plus aussi vindicatifs que les premiers. Une traînée de sang suivait désormais les pas hésitants de ce colosse qui risquait à tout moment de s’effondrer. Malaisément il parcourut le reste de la double haie vengeresse. Il lui restait à franchir le champ rédempteur, debout et sans tomber, pour atteindre le poteau libérateur. La moindre chute le ramènerait, inévitablement, au début de son calvaire. Ce qui, dans son état, équivaudrait à une mise à mort. Les dernières coudées semblaient s’allonger à l’infini devant ce pauvre hère dégoulinant de sang. De « justiciers », les légionnaires étaient passés à « sympathisants » et encourageaient, de leur mieux, le camarade déchu à terminer sa route debout. Au prix d’un effort surhumain, il avançait, pouce par pouce, vers le but et je me surpris à prier Azura de lui donner la force d’y arriver. D’autres faisaient de même. Titubant, plus mort que vif, le nordique s’arrêta à dix coudées du piquet. Son corps était parcouru de spasmes et tremblait comme une feuille de chêne-liège. Un silence de mort se fit sur la lice, tous les regards convergeaient vers ce seul point frémissant. Le temps s’était arrêté et toutes les respirations étaient suspendues dans l’expectative. Soudain, sortant des rangs, un décurion marcha vers le supplicié et d’une voix forte et autoritaire lui dit :
« Légionnaire Debellair, avancez jusqu’à ce putain de poteau ! »
A cet ordre, le nordique se redressa, cracha un flot de sang et fit péniblement un pas. La tension se relâcha un peu et comme un seul homme toute la formation entonna :
« Un… Deux… Trois….. Quatre…... »
Rompant les rangs, insouciants des règlements, ils s’agglutinèrent autour du champ. Déterminés dans la punition, ils l’étaient encore plus dans la rédemption. Ils faisaient corps avec leur camarade. Tous scandaient les derniers pas du supplicié, comme pour le porter. Sur son estrade, je surpris le commandant faire de même.
« Dix-sept…. Dix-huit…... Dix-neuf…. »
A moins de deux coudées du but, frissonnant, le condamné s’arrêta. Un silence de mort s’abattit sur le camp. A bout de force et de volonté, risquant le tout pour le tout, le nordique s’étendit, en tombant. L’assistance se pétrifia d’horreur. Sa chute sembla durer une éternité. Etait-ce par la volonté d’Azura ou par celle d’un autre dieu, sa main accrocha la ceinture blanche et la fit tomber. Les vivats de la troupe qui, libérée de la tension, laissait exploser sa joie firent trembler les tentes aux alentours. Les guérisseurs se précipitèrent immédiatement. Quelques secondes d’un silence anxieux et l’un d’eux se releva, annonçant qu’il était vivant et soignable au grand soulagement de tous et à la satisfaction du commandant, qui arborait désormais un sourire radieux. Le légionnaire Debellair fut conduit, avec un maximum de précautions, sous la tente du culte impérial où il reçut immédiatement les soins adéquats. Je me promis ce jour-là de ne jamais me mettre en pareille situation !
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MessageSujet: Re: Le Journal de Tanea Valadern par Vae-Primat   Le Journal de Tanea Valadern par Vae-Primat EmptyVen 15 Avr 2005 - 18:41

La chasse

Ce jour-là, un brouhaha indescriptible de discussions, d’injonctions et de cliquetis me tira de mon sommeil. Première surprise, le soleil était déjà haut dans le ciel. La deuxième fut moins agréable. En voulant me lever, des douleurs de toute nature se réveillèrent sur tout le corps. J’avais mal de la plante des pieds à la racine des cheveux : souvenir inopportun des manœuvres effectuées la veille. Péniblement je réussis à me lever et à m’équiper de mon armure. Cela se fit de façon presque machinale, sans aucune pensée, les dents serrées pour supporter la douleur. Dehors, c’était la cohue. Les recrues s’agitaient en tous sens. Suivant le bruit des voix, je rejoignis le reste de la troupe et m’enquis de la nature de cette agitation inhabituelle : Pendant la nuit une dizaine de recrues avaient tué le légionnaire de garde et s’étaient enfuies. Sur le campus l’orque s’entretenait, avec force gestes, avec deux impériaux à l’air soucieux. Je faillis avoir une attaque en reconnaissant l’un des deux : Janus Pornanian, l’homme à cause duquel je me retrouvais ici. La colère me submergea un instant et la première impulsion fut la vengeance. Mon sang bouillonnait, cognant douloureusement dans les tempes. Un léger tremblement parcourait mon corps et je serrai les poings, prête à lui faire payer toutes les humiliations endurées. Je me dirigeais résolument vers cette abjecte vermine fendant des rangs qui se faisaient de plus en plus serrés. Grâce soit rendue aux Tribuns, l’effort consenti pour avancer parvint à me calmer à temps. Ce qui me sauva indéniablement la vie, comme je pus le constater, à la vue des dizaines d’archers en état d’alerte stationnés non loin. Je me fis violence pour ne pas exploser et lui crier ma rage. Lorsque leur conciliabule fut terminé, le commandant du camp s’avança sur l’estrade et désigna vingt volontaires. Dix jaunes et dix rouges, afin que les chances soient égales pour les deux groupes. Et, avec ma chance, je faisais partie des vingt désignés. La mission ? Reprendre et ramener les déserteurs pour qu’ils soient punis. S’il nous était impossible de les ramener, nous avions ordre de procéder à leur exécution sur place. Nous fûmes repartis en quatre groupes encadrés par dix légionnaires chacun. Chaque groupe fut équipé pour une randonnée de dix jours. Ensuite, au signal, chaque équipe prit une direction différente et la chasse commença aussitôt. Pour éviter une traîtrise nous marchions en tête. Analysant les traces, cherchant des indices, un éclaireur nous devançait d’une cinquantaine de foulées. Cela faisait à peine deux heures que nous suivions une piste, apparemment sérieuse, lorsqu’un chien de nix s’hasarda à attaquer le scout. Mal lui en pris, une volée de flèches le cloua sur place avant qu’il ait le temps d’approcher sa proie. Preuve, s’il nous en fallait une, que nous étions sous très haute surveillance et qu’il fallait faire attention à ne pas faire de gestes équivoques. Le paysage était désolé et n’offrait, au premier abord, aucun refuge valable. Nous nous dirigeâmes vers les montagnes proches. S’il y avait une chance de trouver les déserteurs, c’était là qu’il fallait chercher. Chaque rocher fut passé au crible et on nettoya, au passage, la zone des différents alits, guars et autres shalks que nous rencontrâmes. Au bout de deux jours d’exploration et recherches, sans autres incidents que la faune locale, nous nous retrouvâmes devant l’entrée d’une excavation. Une des nombreuses cavernes qui parsèment la région. Il ne nous fallut pas longtemps pour nous assurer de la présence des criminels dans ce souterrain. Nous nous assurâmes que le tunnel n’avait pas d’autres sorties et installâmes le camp devant l’entrée. Les déserteurs savaient, sans doute, ce qu’ils risquaient. L’affrontement était inévitable.
Le chef intima l’ordre aux recrues de débusquer les rebelles. Manifestement il ne tenait pas à prendre des risques. Si nous voulions changer de camp, nous aurions fait des cibles de choix. Nous pénétrâmes dans la grotte avec mille précautions et le cœur au bord des lèvres suivis de près par les vétérans dont je devinais les inquiétudes. Soudain un cri affreux perça la pénombre du souterrain. Le bosmer de tête s’affaissa en se tordant de douleur. Tout aussi rapides, les archers avaient riposté et deux déserteurs ornaient désormais les pics de l’entrée. Ma première escarmouche venait d’avoir lieu et je n’avais même pas eu le temps de faire un geste. Si je tenais à sortir de ce souterrain en vie, j’avais intérêt à ouvrir les yeux et les oreilles et être prête à tout. Le danger pouvait surgir de n’importe quelle ombre de la caverne, chaque recoin pouvait cacher un ennemi décidé à vendre chèrement sa peau. Pendant que le mage soignait le bosmer, je notai une masse d’ombre qui, se déplaçant furtivement, se rapprochait du guérisseur. L’ombre se tapit et, l’instant d’après, bondit en direction du mage. Devançant l’attaque, je bondis ma lame tendue. Les archers réagirent aussitôt mais, grâce soit rendue à Azura, me manquèrent de peu. Il y eut un premier choc, celui de ma lame mordant les chairs, puis un chuintement rageur et enfin un deuxième choc lorsque, emporté par l’élan de l’agresseur, je me reçus sur le dos du magicien. C’est à ce moment précis que je pus identifier l’assaillant : un rat des cavernes. Bien que choqué par l’incident, le mage demanda aux légionnaires de garder leur calme et me remercia de mon intervention. Ces sales bêtes propageaient nombre de maladies, et il n’était pas équipé pour les combattre. Les vétérans s’excusèrent de leur méprise et s’empressèrent de me féliciter pour mon réflexe. Le blessé, une fois soigné, fut évacué vers l’extérieur et installé entre deux rochers, ce qui lui procurait une excellente situation défensive en cas d’attaque d’un fauve. Pour lui la chasse était finie.

Le combat

Tous les sens aux aguets, la traque se poursuivit méticuleusement jusqu’à un petit lac interne. Une fois les alentours sécurisés, le reste de la troupe nous rejoignit. Le blessé fut installé en sécurité dans un coin de la caverne. Une rapide inspection nous révéla, par un jeu de lumières, qu’il y avait un passage sous l’eau. Je reçus l’ordre d’ouvrir la marche. Je plongeai, un couteau entre les dents, dans les eaux claires et froides. Un frémissement de l’eau m’alerta à temps pour parer l’attaque d’un poisson carnassier dont je me débarrassai aisément avant de contrer une agression beaucoup plus dangereuse, celle d’un dreugh. J’esquivai ses assauts mais ma lame glissait sur sa carapace. De plus je commençais à manquer d’air. Dans une attaque désespérée, je plongeai, feintai, évitai de peu sa pince et plantai mon dard empoisonné dans le défaut de la cuirasse puis, les poumons prêts à exploser, je crevai la surface de l’eau et aspirai avidement une grande bouffée d’air. Mes compagnons saluèrent l’exploit par une acclamation qui fit vibrer les parois de la grotte. Le dreugh, touché à mort, coulait à pic. La voie était libre ! La masse d’eau nettoyée de ses dangers mes compagnons plongèrent à ma suite et nous traversâmes d’un trait l’étroit goulot. De l’autre côté, nous observâmes la rive à l’abri de l’onde et une fois le périmètre découvert, nous sortîmes avec prudence. Derrière un éperon rocheux nous découvrîmes un autre déserteur, mort des suites de ses blessures : Le dreugh ne l’avait pas raté ! Nous avancions lentement, l’oreille aux aguets. Une pierre roula et, le bruit nous alertant, nous fîmes face aux assaillants : Deux orques imposants flanqués de quatre bosmers sautillants. Le combat s’annonçait inégal. Nous quatre, n’avions que des épées courtes alors que les orques faisaient tournoyer d’énormes marteaux de guerre qui sifflaient sinistrement dans le silence de la grotte. Au premier choc, deux corps tombèrent. Je ne pris pas la peine de voir qui avait péri. Je n’osais détacher les yeux de la masse tournoyante qui se rapprochait. Soudain elle s’abattit dans un fracas monstrueux mais, l’évitant au dernier instant, je bondis et, dans la foulée, égorgeai l’orque qui dans un râle s’étala de tout son long, bousculant au passage son compagnon qui perdit pied. Rapide comme la foudre j’enfonçai ma lame sur le côté du second orque mais ripai sur la cuirasse et la lame se brisa. J’étais morte ! Il ne me restait que la fuite ! Sous les insultes et jurons du colosse bafoué, je bondis sur une roche, puis une autre pour finalement atterrir sur une petite plateforme à quelques coudées de hauteur. De là je contemplai le champ de bataille. Mon dernier compagnon venait de succomber aux assauts des rebelles. Nous nous retrouvions à quatre ! L’orque furieux, deux bosmers légèrement blessés et moi, qui n’avais même plus d’arme. L’orque tança ses camarades pour les exhorter à attaquer. Ils approchaient avec défiance, mais lentement ils se rapprochaient. Soudain je me souvins de l’enseignement du vieux mage. Rassemblant mon énergie vitale j’appelai les forces occultes. Un frisson parcourut mon corps pendant que l’énergie se concentrait et … une petite boule de feu prit naissance au creux de ma main. En voyant cette risible flammèche, j’eus la désagréable sensation que je vivais mes derniers instants. Dans un hurlement guttural de triomphe, presque méprisants, les bosmers s’élancèrent, je réagis aussitôt en envoyant ma ridicule boule de feu. Je fus abasourdie par le résultat ! La boule de feu frappa le premier bosmer qui fut touché de plein fouet et fut envoyé valdinguer trois coudées plus bas, où il se brisa la nuque achevant sa chute comme un pantin désarticulé. Rebondissant sur le premier la boule de feu se colla au deuxième qui se mit à hurler de peur et de douleur. Lâchant son arme il se débarrassa de son armure et plongea dans le lac. Pendant ce temps, l’orque s’était lancé à l’assaut du petit monticule. Son souffle rauque résonnait sous la voûte amplifiant mon angoisse. Il atteignit la petite plateforme au moment où je ramassai l’arme abandonnée : une hache en chitine. Je n’étais pas très à l’aise avec ce genre d’arme, mais dans ma situation je n’avais guère le choix.
Je parai le premier assaut plus par la volonté d’Azura que par réel talent. Le choc fut rude, je sentis une douleur fulgurante naître au bout des mains et irradier tout mon corps. Je priai la déesse, un deuxième coup m’aurait brisée comme un vase en chaux. L’orque leva son marteau, un rictus mauvais lui découvrit ses affreuses dents, et frappa. J’esquivai, non sans mal, le coup qui me frôla assez rudement. Emporté par son élan, le bandit perdit l’équilibre et se résolut à s’aplatir au sol pour ne pas tomber. L’occasion était trop belle ! Rassemblant mes dernières forces, j’abattis la hache sur le crâne de l’orque. La force de mon désespoir fut telle que la hache fit éclater le casque et se brisa en une multitude d’éclats. Une gerbe de sang verdâtre m’éclaboussa. Je faillis vomir. Je remerciais Azura de son aide lorsqu’un morceau de roche tombant dans l’eau me mit en alerte.
Une rapide inspection confirma mes soupçons : le bosmer revenait à la charge. Je fouillai rapidement le cadavre de l’orque et eus la chance de trouver un poignard. Je glissai silencieusement, vers le bord, à plat ventre. Lorsque le rebelle passa la tête, un geste rapide lui trancha la gorge. Sans un cri, il retomba sur le sol, mort. J’étais sauvée, pour le moment. Il ne restait plus que le chef de la bande. Il devait se terrer tout près, prêt à bondir. Mon épaule me faisait souffrir et mon bras ne m’obéissait plus. J’étais en piteux état et n’aurai pas pu soutenir une autre attaque. Le silence était retombé dans la grotte, juste brisé par ma respiration que je m’efforçais de maîtriser. Les yeux et les oreilles aux aguets j’inspectai les alentours. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine en entendant le bruit de l’eau. Quelqu’un avançait avec précaution et j’étais complètement épuisée. Le bandit arrivait. Cette fois c’était la fin !
« Honneur et Patrie ! »
Des larmes coulèrent de mes yeux au cri de ralliement de la légion. Je rassemblai mes forces et me traînai au bord de la corniche.
« Honneur et Patrie ! » Répondis-je faiblement.
« Un survivant ! Allez l’aider ! » Ordonna le chef
Bientôt je descendis de la plateforme aidée, presque portée, par mes camarades. Je me composai de mon mieux pour me présenter mais :
« Repos mon brave ! Reprenez vos forces ! Holà le mage ! » M’interrompit le chef.
Le guérisseur me donna une potion puis exerça son art sur moi et je sentis une douce chaleur envahir mon corps. Mes douleurs et ma fatigue disparurent. Je revivais !
Après avoir fouillé la caverne, nous ramassâmes toutes les armes et les armures et repassâmes le goulot. Le chef faisait l’inventaire et partageait le butin. Je demandai la permission de pouvoir récupérer la carcasse du dreugh. Je l’obtins.
Je me préparai et m’apprêtai à plonger à nouveau dans le liquide, rendu glauque par les multiples passages, lorsque le mage me tendit une potion :
« Buvez cela d’abord, m’intima-t-il avec fermeté, vous en aurez bien besoin. »
Je m’exécutai de mauvaise grâce, je n’avais pas le choix. La potion avait un goût de moisi des plus désagréables qui semblait me couper le souffle. Drôle d’idée que de m’handicaper de la sorte au seuil d’une plongée. Une fois dans l’eau, je constatai, à ma grande surprise, que je pouvais respirer librement. Sacré vieux fou, lui et ses cachotteries, je le remerciai néanmoins pour son étrange cadeau. J’arrivai bientôt au fond et faillis avoir une attaque ; un des déserteurs était là, coincé, par moitié par un rocher et par l’autre par des algues. A moitié déchiqueté, complètement éventré, il gardait une grimace à glacer le sang.
Me faisant violence, je le fouillai et trouvai dans une poche une étrange amulette que j’escamotai aussitôt. J’accrochai le cadavre du dreugh et remontai en vitesse.
Sortant du lac avec les effets du mort, j’en annonçai la fin au grand soulagement du chef :
« Voilà qui termine cette mission ! Allons ! Préparez les paquetages, nous allons passer la nuit ici et demain à l’aube nous reprendrons la route du retour. »
Je récupérai la carapace du dreugh : Cela me ferait une cuirasse de choix.
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MessageSujet: Re: Le Journal de Tanea Valadern par Vae-Primat   Le Journal de Tanea Valadern par Vae-Primat EmptyVen 15 Avr 2005 - 18:42

La récompense

La lumière du soleil avait du mal à percer les brumes matinales. Le ciel était dégagé mais gardait une teinte rougeâtre menaçante. Notre petite troupe, lourdement chargée, reprit le chemin vers le camp d’entraînement. L’ambiance était plus détendue qu’à l’aller, la suspicion avait fait place à la confiance. A tour de rôle mes compagnons me félicitaient d’avoir survécu au combat et en commentaient les phases, comme s’ils y avaient participé. Moi, j’en frissonnais rien qu’à l’évocation mais je m’efforçais de ne rien laisser paraître. Les vétérans appréciaient l’exploit à sa juste valeur. Leurs commentaires se terminaient invariablement par le récit de leurs anciennes prouesses de jadis. Depuis l’aube, le mage chuchotait quelque chose qui avait l’air de véritablement ennuyer le chef. Celui-ci hochait la tête et finit par faire un geste d’impuissance. J’étais intriguée, de quoi pouvaient-ils bien parler ? Qu’est-ce qui inquiétait tellement le mage ? Qu’est-ce qui nous attendait encore ? L’ordre tomba d’accélérer la cadence, et je me concentrai sur le chemin. Bientôt un grondement lointain, se rapprochant rapidement, se fit entendre. En cherchant la source du bruit nous nous aperçûmes, avec horreur, du début d’une tempête des cendres. Nous n’avions pas le choix, il nous fallait absolument un abri avant que la tempête ne nous rejoigne, faute de quoi nous risquions d’attraper une de ces terribles maladies du fléau. L’allure se changea vite en course. Une course éperdue contre la tempête, nous n’avions pas beaucoup d’espoir de la gagner. Cela faisait deux heures que nous courions à perdre haleine, lorsque l’éclaireur nous annonça la proximité d’une grotte. Dans le brouillard des cendres qui nous entourait, nous fonçâmes vers cet havre de paix aussi vite que nous permirent nos membres endoloris. Une fois à l’abri, nous nous écroulâmes épuisés. Nous pensions avoir droit à un repos bien mérité lorsqu’un cliquetis familier nous ramena sur le qui-vive. Les archers se préparèrent et lorsque le shalk apparut, il fut criblé de flèches avant qu’il sache ce qu’il lui arrivait. L’ordre tomba aussitôt d’inspecter la caverne afin d’en déloger les éventuels locataires. Cela fut rondement mené et nous pûmes récupérer de la course. A l’abri de la grotte nous observâmes, avec crainte et curiosité, les éléments déchaînés. Bien que distants de plusieurs jours de marche du Mont Ecarlate, les cendres, portées par un vent violent, hurlaient et mugissaient dans les airs comme une centaine de kagoutis furieux. Instinctivement, toute la troupe, sans distinction de grade, se tapit au plus profond de la petite grotte. Les maladies du fléau, que la tempête amenait avec elle, avaient de quoi faire frémir les plus courageux. Trois heures plus tard, la tempête s’étant apaisée, nous reprîmes la route sur un tapis de cendres. Le paysage était d’une désolation affligeante. A part un chien de nix, deux braillards et un alit, que le mage nous interdit de toucher sous peine d’être infectés par la maladie, le reste du voyage se passa sans problèmes majeurs. Nous arrivâmes bientôt au camp et après une brève explication, le commandant envoya des courriers rappeler les autres groupes. Le responsable du camp nous félicita et, après que nous ayons déposé le butin à l’entrepôt, on nous congédia. Je ne rêvais que d’un bain chaud et d’un lit frais. J’étais intriguée par l’amulette, mais, la fatigue aidant, il ne me fallut pas longtemps pour m’endormir.
Mon sommeil fut troublé par des rêves peuplés d’orques grimaçants, de morts vengeurs et de dreughs maléfiques. Le réveil fut on ne peut plus agité. Empoignée fermement par une dizaine de recrues, soulevée à bout de bras au-dessus de leurs têtes, manquant à chaque instant de tomber, je fis le tour du camp sous les vivats de la troupe. Un ordre bref claqua et je me retrouvai, hagarde et abasourdie, flanquée de deux porte-étendards, sur un petit podium dressé sur le campus. Les acclamations avaient repris de plus belle, résonnant dans ma tête embrumée comme des tambours. Le général Darius s’avança majestueusement et, d’un geste, réclama le silence. Il rappela brièvement les faits, pour ceux qui n’auraient pas encore été au courant, puis déclama un bref discours de félicitations pour l’acte de bravoure et annonça que, par ordre de l’Empereur, je montai en grade. Joignant le geste à la parole il me fit remettre, par un subordonné, une cuirasse impériale, symbole de mon nouveau rang. Une ovation accueillit la déclaration.
Mal réveillée, totalement abrutie par les fatigues endurées, constamment sollicitée, je bredouillai quelques banalités de remerciement qui furent prises pour de la modestie. Sous les claquements des épées sur les boucliers, geste d’acclamation dont malgré l’honneur je me serais volontiers passée, je suivis le centurion jusqu’à mes nouveaux quartiers.
Mon nouveau rang me donna droit au commandement d’une décurie et d’un peu plus de place dans ma nouvelle tente. Janus Pornanian vint en personne me complimenter pour ma promotion. Il se félicita par la même occasion d’être à l’origine de mon incorporation, chose pour laquelle je lui promis une récompense adéquate.
« Dès que vous aurez le rang requis, je me ferai un plaisir de vous rencontrer au champ d’honneur. » Dit-il en sortant. Je l’entendis rire un bon moment avant de retourner à la lecture de mes nouvelles obligations, et à l’étude de cette étrange amulette. Quel pouvait être son secret ? Sa lumière iridescente ne laissait aucun doute quant à son enchantement. Par contre ses propriétés me restaient obscures.

La détente

Toutes les calendes donnaient droit à une journée de repos en alternance avec les différentes décuries. Autant dire que le seul endroit de détente du camp ne désemplissait jamais. C’était une tente aux dimensions modestes, mais suffisantes pour abriter les vingt légionnaires quotidiens dispensés de service ou corvée. Le bar, sommaire, se composait de deux tonneaux sur lesquels étaient posées quelques planches. La réserve se situait juste derrière et il était fréquent que le gargotier, un rougegarde, demande de l’aide à l’un ou l’autre permissionnaire pour mettre les tonneaux en perce en échange d’un verre de bière du pays. Les consignes étant strictes, les clients veillaient à ne pas dépasser les doses autorisées sous peine d’achever la permission au cachot ou, pire, en place de lice. Les distractions n’étaient pas très variées mais cela suffisait amplement au bonheur de ces légionnaires pour qui le seul fait d’être là était déjà un enchantement. Dans un coin retiré, mon préféré, une caisse contenait une dizaine de livres, maintes et maintes fois lus et relus. Sur un coin du comptoir, un jeu de dés donnait lieu à des parties acharnées qui voyaient les maigres soldes changer de propriétaire au gré de la volonté de Mara. Les plus sages, ou les plus malchanceux, passaient leur temps en d’interminables discussions où la curiosité des jeunes recrues disputait la vedette à l’intérêt des vieux vétérans. Souvent, la boisson aidant, une chorale se formait et la tente, ainsi que celles aux alentours, bénéficiait de la chanson, certes rustre, de la légion mais c’était suffisant pour faire oublier les aléas du métier. Parfois même, des couples dansaient sur cette musique improvisée, sous les rires gras et les regards entendus des camarades. Ce soir-là, c’était calme. Un centurion établissait, laborieusement, la liste des corvéables. Deux légionnaires disputaient une partie de dés sous le regard désintéressé du barman. A une table, presque complotant, quatre autres conscrits se remémoraient des souvenirs d’exploits imaginaires. Je lisais, pour l’énième fois, un livre sur les objets enchantés, cherchant à en éventer les arcanes, lorsqu’un vieil impérial, vétéran de maints combats, entra dans ‘’Le Piquet De Garde ‘’. Il s’assit presque aussitôt et commanda une bouteille de mazte. Le centurion leva à peine un sourcil et se replongea dans sa liste. Le bruissement léger des discussions, un instant interrompu, reprit. Imperceptible, au début, puis tout doucement, lentement, de plus en plus claire et distincte, une vieille complainte ébranla les palabres étouffées de l’ « auberge » et imposa le silence. Perdu dans ses souvenirs, porté par l’alcool, le vieux soldat chantait. D’une voix douce et mélodieuse, malgré son aspect rébarbatif et son âge vénérable, il chantait… Et son cœur parlait. Je laissai tomber mon livre et, comme tous les autres, me mis à écouter :
« ….Cette maison de pierre au fond de la vallée,
Une vallée verte de fleurs de roche parsemée,
Par la montagne, des vents mauvais, protégée.
Par la grâce des dieux, en tout point, inondée.
Mon cœur saigne aux images retrouvées
Malgré le temps et les années passées
Malgré les épreuves je ne t’ai oubliée
Toi qui, jadis, ai tellement aimée
Ta peau douce, délicatement parfumée
De son souvenir, mes nuits sont hantées.
Ton doux visage, partout me poursuit
Tant mon cœur, de toi, s’alanguit
Ma douce Lamwë, pour toi, mon amour crie
Que les dieux me prêtent encore vie
Pour que, près de toi, je puisse retourner
Et qu’un dernier baiser on puisse échanger….. »
Sa chanson finie, dans un silence religieux, sans un mot, il déposa quelques pièces qui tintèrent sur la table et sortit dignement.
« Ce vieux Milae, décidément le mazte lui réussit pas ! » Commenta laconiquement le centurion, sans même lever la tête.
J’en étais retournée ! J’avais une boule au creux de l’estomac ! Malgré la vie inhumaine de l’armée, ce vieux baroudeur avait gardé un cœur.
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MessageSujet: Re: Le Journal de Tanea Valadern par Vae-Primat   Le Journal de Tanea Valadern par Vae-Primat EmptyVen 15 Avr 2005 - 18:42

La mission I : La bataille

Cela faisait maintenant plus d’un mois que j’avais reçu ma promotion et commençai à affectionner mon statut. Bien que les exercices et manœuvres diverses soient restés monnaie courante, je n’avais plus à faire les corvées et cela me laissait un temps libre que j’appréciais grandement. Je le mis à profit pour étudier l’étrange amulette que j’avais récupérée sur le bandit. Malgré tout ce que j’avais pu lire sur le sujet, je ne parvenais pas à en percer le secret. Tout ce que j’obtenais était un mal de tête insupportable et une grande fatigue. Je résolus de laisser tomber. Un beau matin, un marchand richement vêtu se présenta à la porte. Il sollicita une entrevue avec le commandant, ce que ce dernier lui accorda sans peine. Ils discutèrent un bon moment, puis ils se séparèrent. Peu de temps après je fus convoquée auprès du commandant :
« Décurion Tanea, je viens de recevoir le responsable de la maison Hlaalu. Il m’informe que les caravanes marchandes entre Maar Gan et le camp Urshilaku sont systématiquement attaquées. Nous pensons qu’une bande de malfrats agirait dans la région à partir d’une base proche du théâtre des opérations. Voyez ! » Dit-il en dépliant une carte :
« D’après les renseignements fournis, les endroits les plus probables sont la grotte Shishi……Ici dans la Foyada Banj-dad…… ou la grotte Abinabi….Ici, un peu à l’est des ruines dwemer qui se trouvent légèrement au nord de la première grotte……….comme vous pouvez voir ! Vous allez inspecter ces deux endroits et débarrasser la région de ces bandits…. Encore une chose…..La région est sous tutelle des Redorans, alors, malgré les ordres du Duc Dren, évitez toute rencontre avec eux. Ils sont assez fiers pour prendre votre mission pour une insulte…………Je compte sur vous !...............Je ne veux pas de problèmes avec eux….. Vous avez compris vos ordres ?... Allez ! …….Et faites honneur à la légion ! »
Je rassemblai rapidement mes hommes et passâmes au magasin pour nous équiper. Moins d’une heure après nous franchissions les portes du camp. Pour éviter toute rencontre inopportune nous empruntâmes des chemins de traverse. Grâce à l’entraînement reçu nous marchions aisément quel que soit le type de terrain rencontré. Nous évitâmes soigneusement tout contact avec les rares personnes qu’il nous arriva de croiser. Au bout de dix jours de marche, ressemblant plus à du cache-cache qu’à une expédition, nous arrivâmes en vue de notre premier but. Tapis dans les rochers nous surveillâmes la zone. Nous eûmes de la chance. Deux heures plus tard nous vîmes arriver une troupe aux allures suspectes, qui pénétra sans hésitation dans la grotte. Par nos relevés nous savions qu’elle n’avait pas d’autres issues. Restait à déterminer leur nombre. Nous dressâmes le camp dans une étroite excavation entre des rochers. Ma plus grande peur ce fut qu’un braillard des falaises, nombreux dans le coin, ne dénonce notre présence. Nous nous fondîmes dans le paysage du mieux que nous pûmes. Après deux jours de surveillance, j’acquis la certitude que la bande était au complet dans la grotte. J’ordonnai donc de faire mouvement. Nous avions à peine bougé qu’un braillard des falaises nous prenait pour cible. Les archers l’abattirent aussitôt mais il tomba sur un arbre desséché qui explosa dans un fracas épouvantable. Le vacarme se répercuta, sur les flancs de la foyada, jusqu’à l’horizon. Je rageai… si près du but ! Raté pour raté, j’ordonnai de bloquer l’entrée. Au moins ils étaient piégés, mais l’effet de surprise était perdu. Notre situation n’était pas des plus heureuses. A dix contre vingt, cela donnait à réfléchir. Je rappelai, à mes hommes, l’entraînement qu’ils avaient subi. Ils se composèrent en deux rangs, prêts à soutenir l’inévitable attaque et priant Arkay ou Azura de leur venir en aide. Nous attendîmes un bon moment…… Rien ne bougea, Mara était avec nous. Prudemment, je fis avancer le premier rang jusqu’à l’entrée, sous la protection du deuxième….Rien…...Pas âme qui vive. Le premier rang hésitait, attendant les ordres. Je savais ce qu’ils ressentaient. Il me fallait garder leur moral sous peine de les voir flancher. Quelle idée aussi de me donner des recrues inexpérimentées là où des vétérans auraient déjà eu du mal à s’en sortir ! J’hasardai un coup d’œil à l’intérieur,…...Rien. Une place nue et vide faiblement éclairée par la lumière du jour qui pénétrait par l’entrée. Je constatai, avec horreur, que les silhouettes de mes hommes se détachaient nettement sur le mur du fond de la grotte. Si le bruit ne les avait pas alertés, c’est nos ombres qui s’en étaient chargées. Par la pitié de Vivec, j’étais impardonnable de ne pas y avoir songé plus tôt. Je serrais nerveusement l’amulette, essayant de retrouver dans les manœuvres apprises celle qui pourrait s’appliquer à notre cas…….Rien……..Ma tête était vide. Tout à coup un voile tomba sur mes yeux ce qui fit bondir mon cœur dans ma poitrine : quel était ce prodige ? Mon sang affluait aux tempes et je fus prise de vertiges. Je n’étais pas aveugle, juste bandée d’un voile transparent invisible. Et, sur ce voile, une vingtaine de points rouges et trois points bleus. Je me forçai à recouvrer mon calme et analysai la vision. J’eus soudain une illumination : les points rouges désignaient les bandits ! Mais alors qu’étaient les points bleus ? Des mouvements des points rouges, je déduisis qu’ils ne nous avaient pas encore détectés. Au loin, assourdis, nous parvenaient les échos de plusieurs voix. Le voile disparut aussi mystérieusement qu’il était apparu. Mes hommes attendaient nerveusement un ordre. Je les organisai aussi silencieusement que possible. Prudemment, nous prîmes position de chaque côté de l’étroit boyau qui conduisait à la salle suivante. Le dispositif était à peine installé, qu’une patrouille s’avança dans l’antichambre. Rapidement, dans le plus grand silence, ils furent neutralisés. Les forces s’équilibraient. Lentement, retenant le souffle, nous avançâmes dans le galerie, nous aidant de chaque aspérité pour nous dissimuler. La lumière des torches se fit plus vive et les voix plus fortes, répercutées par la voûte. La salle devait être énorme. Je désignai, par gestes, des cibles aux archers. Au signal, tout bascula, les archers abattirent leurs objectifs, les épéistes bondirent, l’arme en avant, immédiatement suivis par les archers qui avaient dégainé leurs épées. La surprise des malfrats fut totale. La moitié des bandits tomba avant même de savoir d’où venaient les coups. L’autre moitié, complètement abasourdie par la rapidité de l’attaque, n’eut même pas le loisir de se défendre et se retrouva une épée en travers de la gorge avant d’avoir esquissé un geste. Je venais de remporter ma première victoire. Le bilan était excellent : pas un seul mort ou blessé, parmi mes hommes, et huit prisonniers. Une bouffée de fierté m’envahit. Je n’en remerciai pas moins Azura pour l’aide qu’Elle nous avait apporté. Une fois les prisonniers assurés, nous commençâmes à répertorier et à rassembler le butin. Une pléthore de caisses et de barils jonchait le sol. Il y en avait pour une fortune ! Les prisonniers feraient de bonnes bêtes de somme pour rapporter tous ces biens au camp.
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MessageSujet: Re: Le Journal de Tanea Valadern par Vae-Primat   Le Journal de Tanea Valadern par Vae-Primat EmptyVen 15 Avr 2005 - 18:43

La mission II : Les prisonniers

Parmi l’amoncellement d’objets de toute nature, je trouvai un petit coffret en fer fermé. J’en exigeai la clé mais les bandits ne l’avaient pas et personne n’était parvenu à l’ouvrir, malgré les nombreuses tentatives. Je cherchai dans le fouillis de caisses, désormais vides, et les bouteilles qui jonchaient le sol et je dénichai une écharde métallique. Je la pliai, comme me l’avait appris le défunt Œil-dans-la-nuit, et, au bout de trois essais, devant les malfrats éberlués, parvenais à ouvrir le mystérieux étui. A l’intérieur, une bague étincelait de mille feux. Je fixais, subjuguée, le magnifique bijou lorsqu’un bruit m’alerta. Abandonnant l’inventaire des objets, les légionnaires firent face d’un bloc. Lentement, prudemment, deux aldmers et une dunmer sortirent de derrière un rocher. Ils étaient en haillons et une grosse corde les reliait, empêchant une fuite rapide de leur part. Une fois libérés, ils expliquèrent qu’ils étaient partis de Vivec en direction d’un lieu de pèlerinage appelé le Sanctus dans le but d’accomplir une épreuve. En chemin les bandits les avaient capturés. Ces derniers escomptaient soutirer une rançon au temple. Sachant que le temple ne paie pas de rançon pour les pèlerins en difficulté, leur sort était inévitablement scellé. Cela ne semblait pas les tracasser autant que le fait d’avoir rompu leurs vœux de silence. Un des aldmers, Hérmonilde, remarqua la bague et déclara que celle-ci lui appartenait. Il en avait par ailleurs la preuve. Joignant le geste à la parole, il fouilla dans ses cheveux et en sortit une petite clé. Celle-ci actionnait parfaitement la serrure du petit coffret ouvragé. A contrecœur, je lui restituai le bijou et le priai, ainsi que ses compagnons, de récupérer leurs biens. Je tins à leur faire part de leur incorporation dans la troupe, jusqu’au camp, pour assurer leur protection. Il allait de soi que les objets présents dans la grotte allaient donner suite à une enquête auprès des différentes maisons et guildes. Cela parut convenir aux trois pèlerins et ils se proposèrent d’aider à préparer le convoi. Les préparatifs expédiés j’ordonnai l’établissement d’un camp pour la nuit dans le bivouac des bandits. Une ovation accueillit cet ordre. Ce soir-là, les hommes firent bombance avec du cognac millésimé et du cognac de Cyrodil : ils l’avaient bien mérité. Moins d’une heure après ils improvisaient une chorale cacophonique du meilleur effet comique que j’eus à entendre.
Intriguée par la bague, je demandai à son propriétaire quelles en étaient ses propriétés. Il m’expliqua toute l’histoire du bijou. Il finit par m’indiquer que la bague augmentait force et intelligence et qu’elle permettait de respirer sous l’eau. Lorsque je demandai le prix d’un tel bijou, il se contenta de me répondre : « Cher ! Très cher ! »
Voyant qu’ils s’y connaissaient, je leur montrai l’amulette. La dunmer l’inspecta puis déclara :
« Vous ne connaissez pas le daédrique ? D’après les inscriptions, cette amulette sert à détecter, sur demande, les créatures. En rouge pour celles qui sont potentiellement hostiles, en bleu pour celles qui sont neutres. Il suffit de la serrer très fort pour déclencher le sort. De plus ce talisman vous concède de façon continue, tant que vous le porterez, une chance insolente dans tout ce que vous entreprendrez»
Ainsi ces dessins bizarres étaient des inscriptions ! Un sort de détection des créatures ? Cela était bien utile, comme j’avais pu le constater. Quant à la chance, je réalisai que j’en avais eu beaucoup pour que la mission se termine ainsi.
Nous prîmes la route du retour, le lendemain à l’aube. Les bandits hors d’état de nuire, la nature de notre mission avait changé. Nous étions désormais un convoi pénitentiaire et, comme tel, n’avions plus à nous cacher. Ce qui nous permit d’emprunter les routes ce qui était plus facile pour la marche. Cela donnait à notre expédition un petit air de promenade fort agréable. Discutant de chose et d’autre j’appris que Telindra Venam, la dunmer, était aussi un entraîneur dans les arts magiques. Sa voix douce et chaude contrastait singulièrement avec la voix rauque que j'avais acquise à la légion. Pour me remercier de l’avoir sauvée elle m’apprit à fortifier mes aptitudes magiques. Je pus bientôt faire apparaître une boule de feu qui ne déclenche pas un fou rire à sa vue. Je redevenais une femme, grâce aux conseils de Telindra. Pour chaque situation, elle avait la solution pour rester féminine. En sa compagnie, le temps passa si vite que je regrettai de voir le camp se profiler à l’horizon. Peu de temps après, je faisais mon rapport au commandant. Avant de prendre congé, Hérmonilde tint à me montrer sa gratitude en m’offrant la bague. Quant à son compagnon, il me remit une ceinture en m’assurant qu’elle me serait utile, avec un air entendu, sans me dire en quoi. Telindra me serra très fort les mains ce qui, à ma grande surprise, me provoqua une intense chaleur puis :
« Vous aurez bien besoin de ce sort de bouclier ! Joignez vos mains et dites ‘bouclier’ pour l’activer. A bientôt, j’espère, et encore merci de votre aide !»
Je la regardai partir avec un pincement au coeur. C'était la première personne, depuis longtemps, avec qui je me sentais en confiance.


La promotion
Il y avait maintenant une vingtaine de jours que la mission était finie et je me surpris à ressentir un manque. Pendant l’attaque de la grotte mon sang tournait tellement vite dans mes veines, cela faisait une sensation agréable. L’excitation, voilà ce qui me manquait !.... L’excitation avant et pendant le combat?.........Non, c'était autre chose, plus profond mais quoi ?
Une pensée ne me quittait pas. Cela tournait à l'idée fixe : Qu'est-ce qui retardait tellement le partage du butin ? Cela prenait, en général, trois jours au maximum pour que les hauts gradés en escamotent une part ; pour la retraite comme ils disaient ! A ce stade, ils se préparaient une retraite dorée.
Un jour, au cours de mon inspection quotidienne, je remarquai un étrange manège : un attroupement autour d'un nouveau bâtiment de construction récente. Ce n’était pas normal, je m’approchai. Les hommes s’écartèrent à mon approche et je pus voir la cause de cette assemblée : un moine. D’allure frêle dans son manteau, à côté des imposants légionnaires en armure, il s’efforçait, tant bien que mal, de répondre aux questions qui pleuvaient de tous côtés. Les soldats se dispersaient pendant que j’approchais encore et, soudain, en se tournant vers moi, l’individu fit basculer sa capuche…........ Telindra ! Le moine, c’était la dunmer libérée ! Mon coeur se mit à battre la chamade, bénie soit Dibella, Telindra était revenue ! Je l’assaillis de questions. Pourquoi ? Comment ? Telindra, souriante, m’expliqua qu’elle avait remarqué qu’il n’y avait pas de temple des Tribuns dans le camp et qu’elle avait demandé, et obtenu, la permission d’en ériger un en utilisant une partie du butin. J’en étais ravie. Je demandai, mentalement, pardon, à Zenithar, pour mes soupçons. Une seule chose m’importais : Je pourrais suivre l’enseignement de Telindra. Cette sensation qui me manquait, renaissait. Je la reconnaissais: Me sentir femme.
Quelques jours plus tard ce fut l’inauguration du temple. Toute la troupe s’était parée de ses plus beaux atours pour l’occasion. Escortée par une double haie de porte-étendards, Telindra présida à la consécration des lieux. La cérémonie fut courte mais solennelle. Le point culminant étant l’installation des triolytes dédiés aux Tribuns. La troupe se dirigea ensuite vers le campus où le général, en grande tenue, s’apprêtait à faire un discours. Cela commença avec les banalités d’usage, puis en vint au cœur du sujet. Je restai surprise :
« …………Faisant preuve d’un grand sang froid et d’une maîtrise exceptionnelle des méthodes de la légion, le décurion Tanea Valadern a débarrassé la région d’une bande de bandits cruels qui faisaient un tort considérable au commerce et interdisaient la route aux pèlerins. Dans un souci de sécurité pour la vie de ses hommes, elle a réussi l’exploit de battre un ennemi supérieur en nombre sans subir une seule perte. Outre la récupération d’un butin conséquent, qui a d’ailleurs été en grande partie utilisé pour la construction des nouveaux équipements du temple et l’achat des triolytes, on lui doit le sauvetage de membres éminents de la guilde des mages ainsi que celui de la nouvelle responsable du temple des Tribuns que nous avons le plaisir d’inaugurer aujourd’hui.
Pour ce haut fait d’armes, au nom de l’Empereur, Nous élevons, aujourd’hui, le décurion Tanea Valadern au rang de centurion avec tous les avantages de la fonction. Vu ses grandes qualités, il a été décidé de l’inscrire à l’Académie Militaire de Lindyl. Un bateau militaire l’y emmènera à la fin de son congé, dans dix jours
Pour l’Empereur ! »
La troupe se mit au garde-à-vous et d’une seule voix répondit :
« Honneur et Patrie »
Centurion, qui l’aurait cru ? Je rangeai mes affaires tout en essayant de me faire à l’idée de mon nouveau rang. Centurion Tanea Valadern, cela sonnait bien. Ah, il était loin le temps où je pensais à cette larve de Laerden Boren ou à ce fourbe de Janus Pornanian. Je passai le plus clair de mon congé auprès de Telindra. Je ne me lassai jamais de son enseignement dans les arts magiques, même si cela mettait ma bourse à mal. Ce qui par contre était gratuit, c’étaient les conseils qu’elle me prodiguait afin que je m’affirme en tant que femme.
« Rien n’empêche que vous soyez féminine » Disait-elle avec un grand sourire.
Dix jours plus tard, je pavanais à la proue du navire qui m’emmenait vers ces nouvelles terres dont j’avais si souvent entendu parler. Sur le quai, Telindra agitait une main en signe d’au revoir. J’avais une boule dans la gorge. Confusément, malgré l’honneur qui m’était fait, je sentis que je perdais quelque chose d’important : Je laissais derrière moi un petit camp où j’étais une héroïne pour partir pour une ville où j’étais une inconnue. Qu’Azura m’assiste !
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